Tic, tac, tic, tac… un mois de plus s’est écoulé sur l’horloge d’A4India. Bien que les deux assemblées générales de Pune et Bombay soient maintenant passées, les journées à Annapurna sont toujours aussi mouvementées !
Finalisation de la tarification
Après avoir annoncé le changement du produit FLMF (assurance emprunteur) lors des assemblées générales réunissant les membres d’Annapurna, (pour plus de précisions, je vous invite à lire l’épisode 2 : https://www.actuelia.fr/2018/02/episode-2-a4india-premier-mois-daventure/), nous avions seulement quelques jours pour finaliser les calculs de la tarification.
Et ces quelques jours se sont révélés plus qu’utiles ! Avant de remettre les analyses aux dirigeantes d’Annapurna, nous avons backtesté la mortalité en comparant la table de mortalité utilisée dans la tarification et celle observée ces dernières années.
Avant d’en arriver aux résultats, voici un aperçu des données utilisées :
Concernant la table de mortalité, notre première analyse a été d’utiliser la table de mortalité publiée par l’Institut des Actuaires indiens. Cependant, la construction de celle-ci se base sur un portefeuille d’assurance, représentant en Inde une population aisée, étant donc aux antipodes de celle de notre portefeuille.
Nous avons donc préféré utiliser la table de mortalité de la Thaïlande, s’avérant être plus proche de notre population.
En effectuant des calculs permettant de connaître, via l’exposition de la totalité des membres sur les quatre dernières années, les taux de mortalité annuels, les résultats sont les suivants :
Le taux de mortalité des femmes est en moyenne de 0,48%, pour un âge moyen du portefeuille de 37 ans. Cela correspond à la mortalité observée à l’âge de 60 ans sur notre table de mortalité de référence en France.
Nous observons également que la mortalité des hommes observée au sein du portefeuille Annapurna est 5 fois plus élevée que celle observée sur une table française. Cette « surmortalité » est principalement due aux addictions (alcoolisme et drogues), aux maladies, et aux accidents de la route, malheureusement fréquents en Inde.
Par ailleurs, jusqu’en 2017, la couverture d’assurance décès était réduite en cas de décès pour cause d’alcoolisme ou maladie préexistante. A partir de 2018, tout décès est maintenant assuré par l’assurance FLMF, quelle qu’en soit la cause.
Afin de refléter cette nouvelle couverture, ainsi que l’importance des taux de mortalité, nous avons appliqué un facteur de surestimation à la table thaïlandaise utilisée dans la tarification, nous permettant de nous rapprocher de la sinistralité observée.
La table de mortalité est l’un des paramètres qui m’a le plus surprise, notamment du fait de ses différences avec les hypothèses utilisées en France. Alors qu’en Europe, nous abattons les tables de mortalité de référence, j’ai dû ici réaliser tout le contraire. Et je n’étais pas au bout de mes surprises !
En effet, alors qu’en France le taux de chargement des cotisations n’excède en général pas 10%, il s’élève au sein d’Annapurna à 50%. Sur une cotisation de 100 roupies, 35 roupies sont nécessaires au financement des frais de gestion et d’administration. Cela signifie que nous devons appliquer un facteur de chargement de 150% à la prime pure afin d’obtenir la prime commerciale.
Ce fort taux de gestion s’explique par deux facteurs :
Tout d’abord, la micro-assurance n’applique que ce taux de frais sur l’ensemble du contrat d’assurance : il n’y a ni frais sur prestations, ni frais d’acquisition pouvant s’ajouter aux frais de gestion et d’administration.
De plus, la plupart des travaux sont effectués manuellement : la collecte des cotisations se fait littéralement à la main, la comptabilité n’est pas encore complétement automatisée, la gestion des sinistres implique au minimum une réunion de membres par mois,… Cela implique un besoin important de ressources !
L’objectif d’Annapurna est de réduire la charge des frais, et passer d’une répartition actuelle de 65% pour le paiement des sinistres et 35% pour les frais de gestion à une répartition cible 80%/20%.
Création de provisions mathématiques
Annapurna Pariwar, n’étant encore soumise à aucune réglementation internationale (mais cela ne saurait tarder !), n’a pas l’obligation de rendre au contrôleur son calcul de valeur de marché, de Best-Estimate ou de SCR. Cependant, le calcul des provisions mathématiques constitue un élément clé pour la gestion d’une société d’assurance.
Jusqu’à lors, toutes les contributions sont versées sur un compte unique, depuis lequel les prestations sont payées, sans qu’aucun calcul de provision ne soit réalisé. Seule la notion de réserve est employée, mélangeant l’ensemble des capitaux disponibles.
Le but premier de mon intervention a donc été de déterminer la suffisance desdites réserves, par rapport à l’engagement d’Annapurna, sur la base des contrats en cours (certains prêts pouvant durer jusqu’à quatre ans).
Aidée de mes collègues Actueliens, j’ai créé un outil de calcul de provisions mathématiques pour le produit FLMF, qui couvre le décès de l’emprunteur et de tout membre de sa famille pendant toute la durée du prêt.
Le résultat est sans appel : les réserves sont supérieures à la provision mathématique, et cela signifie même qu’Annapurna a la possibilité de créer des fonds propres !!
Les calculs terminés, la mission ne s’arrêtait pas là ! En effet, le vrai challenge de cet exercice a été de transmettre ces notions aux dirigeantes d’Annapurna. Provision mathématique et fonds propres constituaient pour elles un charabia actuariel, qu’il m’a fallu démêler afin de leur faire comprendre la nécessité de telles mesures.
Le meilleur moyen d’apprendre étant encore de pratiquer, je les laisserai prendre en main lors de l’année 2018, la mise à jour de l’outil de calcul des provisions mathématiques, en restant tout de même à leurs côtés durant les premiers mois.
Actuelia in India
Après la finalisation du produit FLMF et avant que la période intense du Pilier 1 ne débute en France, une partie de la team Actuelia s’est retrouvée… en Inde ! En effet, deux de mes collègues sont venus découvrir mon quotidien à Pune. Ce fut l’occasion pour eux de vivre un changement autant climatique que culturel.
J’ai également eu l’occasion de retrouver ma manager, avec qui j’ai partagé une journée forte en émotion, à effectuer l’ascension du Pic d’Adam (Sri Lanka) : 4 500 marches, avec un départ à 2h du matin.
Ces deux rencontres prouvent une fois de plus qu’Actuelia est le symbole même d’une équipe soudée, que même plusieurs milliers de kilomètres, ne parviennent pas à séparer !!
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